Vers une chasse aux Afghans au Pakistan?

Au Pakistan, une expulsion massive d'Afghans est en marche depuis début avril et s’intensifie, alors justifiée comme mesure contre le terrorisme et le narcotrafic.

Article publié le Apr 21, 2025
Élise ROY
4ème année, Master Relations Internationales à Sciences Po Strasbourg
Pour citer ce baratin :
Élise ROY,"Vers une chasse aux Afghans au Pakistan? ", [en ligne] BARA think tank, Apr 21, 2025, "https://www.bara-think-tank.com/baratin/vers-un-chasse-aux-afghans-au-pakistan"

Le Pakistan, terre d’asile pour les Afghans

Depuis début avril, le Pakistan s’est mis en tête de chasser du pays des centaines de milliers d’Afghans, parfois installés depuis des décennies dans le pays. Le Pakistan avait déjà initié une politique similaire en octobre 2023.

L’invasion soviétique en Afghanistan en 1979 a initié des vagues d’immigration successives au Pakistan. Avant ces expulsions, plus de trois millions d’Afghans y résidaient, nombre d’entre eux n’ayant jamais vécu en Afghanistan. 

Un premier tri par les autorités pakistanaises 

Premières cibles de cette nouvelle politique : les Afghans ne possédant pas de permis de séjour, auxquels s’ajoutent 800 000 qui ont vu leur carte de résidence annulée. Une date de départ maximale a été fixée au 30 avril par les autorités. 

Deux choix s’offrent alors : rester illégalement au Pakistan ou repartir en Afghanistan. Un retour forcé qui inquiète et met en branle l’avenir de familles entières. 

Lutter contre les trafics et le terrorisme 

Début avril, le vice-ministre de l’Intérieur pakistanais Talal Chaudhry a indiqué que ces mesures avaient pour fin d’endiguer le narcotrafic et les attaques terroristes. Les Afghans sont alors pris pour cible privilégiée.

Islamabad envoie aux Talibans le message que la menace terroriste et la présence en Afghanistan de groupes tels que Tehreek-e-Taliban Pakistan n’est pas prise à la légère.

Réaction préoccupée des talibans…

Cette politique répressive d’Islamabad suscite les critiques des talibans, qui n'ont pas hésité le 19 avril dernier à exprimer leurs vives inquiétudes. 

Kaboul craint que ces retours soient utilisés comme outil de pression diplomatique de la part de son voisin pakistanais avec qui les relations ne cessent de se dégrader.

Et inquiétudes de l’ONU 

L’ONU s'inquiète de la situation qui atteindra son paroxysme après le 30 juin prochain, lorsque les quelque 1,3 million d’Afghans possédant une Proof of Registration Card devront eux aussi quitter le territoire.

Elle craint également une déstabilisation sévère au sein même de l'Afghanistan déjà empreinte d'une crise socio-économique importante. La vie de milliers de familles est à réinventer.

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