Relancer la paix en Ukraine : défi diplomatique ?

Américains, Européens et Ukrainiens ont tenté le 17 avril dernier de coordonner leurs stratégies pour sortir de l’impasse militaire.

Article publié le Apr 20, 2025
Maéva Noé
Deuxième année à Sciences Po Strasbourg
Pour citer ce baratin :
Maéva Noé,"Relancer la paix en Ukraine : défi diplomatique ?", [en ligne] BARA think tank, Apr 20, 2025, "https://www.bara-think-tank.com/baratin/relancer-la-paix-en-ukraine-defi-diplomatique"

Une réunion pour reconstruire l’unité

À Paris, les pays ont engagé des discussions inédites pour renforcer leur cohésion, à l'initiative d’Emmanuel Macron, face aux risques d’éclatement provoqués par le changement de stratégie américain sous Donald Trump.

Son retour a perturbé l'équilibre occidental. En convoquant toutes les parties, Paris a cherché à réduire la méfiance entre Kiev, Londres, Berlin et Washington, et à garantir que la recherche d'un cessez-le-feu n'affaiblisse pas la cause ukrainienne.

L’Occident tiraillé par la stratégie américaine

Steve Witkoff, émissaire de Trump, prône un dialogue direct avec Moscou, ce qui alarme les Européens et Kiev, qui redoutent des concessions hâtives mettant en péril la souveraineté de l’Ukraine pour satisfaire la volonté de Trump de normaliser Moscou.

Marco Rubio, plus expérimenté et conscient des exigences européennes, tente d’équilibrer les échanges. Mais la méfiance reste vive : Trump cherche à imposer une approche rapide, tandis que les Européens veulent éviter tout compromis précipité.

Les lignes rouges fermes de l’Ukraine

L’Ukraine affirme ses lignes rouges : aucune reconnaissance des territoires annexés, aucun statut de neutralité imposé, et surtout aucun affaiblissement de ses capacités militaires, condition indispensable pour garantir sa survie contre la Russie.

En plus du refus des concessions territoriales, Kiev exige la restitution de tous les prisonniers, des dédommagements payés par Moscou, et surtout une intégration accélérée à l’Union européenne et une avancée irréversible vers l’OTAN.

Le débat sur un cessez-le-feu total

Face aux échecs des trêves partielles récentes, les participants privilégient l’idée d’un cessez-le-feu complet, immédiat et renouvelable. Mais les modalités de supervision de ce dernier posent des difficultés majeures entre Kiev et Washington. 🇺🇸

L’Ukraine refuse catégoriquement une supervision par l’OSCE ou l’ONU, jugées inefficaces. Elle exige que les États-Unis garantissent eux-mêmes le respect du cessez-le-feu, mais, à ce stade, Washington n’a pris aucun engagement formel pour ce rôle.

La pression pour maintenir les sanctions

Kiev et ses soutiens européens s’opposent fermement à tout allègement des sanctions contre la Russie tant que les objectifs ukrainiens ne sont pas atteints. Ils craignent que lever des mesures trop tôt renforce Moscou et fragilise la négociation.

Trump laisse entendre qu'il pourrait assouplir les sanctions pour obtenir un accord plus rapidement. Cette position divise profondément les Occidentaux, car elle met en péril l’un des seuls leviers de pression efficace contre Vladimir Poutine.

Un processus fragile et incertain

Malgré les efforts de Paris, la confiance est fragile. Les bombardements russes, comme celui de Soumy, montrent que Moscou poursuit une logique de guerre totale. Cela renforce l’idée que la Russie ne cherche pas vraiment une sortie négociée du conflit.

Trump veut présenter un succès diplomatique rapide avant les élections américaines. Mais les Européens redoutent un accord précipité qui entérinerait les conquêtes russes et affaiblirait l’ordre international fondé sur le droit et la souveraineté.

Le cessez-le-feu : geste symbolique ou stratégique ?

Le président russe a ordonné un cessez-le-feu en Ukraine ce samedi 19 avril 2025 pour les célébrations de Pâques orthodoxe. Ce cessez-le-feu commencera à 18h, heure de Moscou, et durera jusqu’à la nuit de dimanche à lundi.

Poutine a invité Kiev à se joindre à cette trêve, déclarant que la réaction ukrainienne permettrait d’évaluer leur sincérité dans l’optique de futures négociations de paix. Il a également appelé ses forces à rester vigilantes contre toute provocation.

L’Ukraine dénonce une manoeuvre 

Le président ukrainien a critiqué cette initiative, dénonçant une “tentative de jouer avec des vies humaines”. Il a affirmé que malgré l’annonce, les attaques russes, notamment par drones, continuaient.

Il a également évoqué des avancées militaires ukrainiennes sur le territoire russe, en particulier dans les régions de Koursk et de Belgorod. Ces opérations montrent la poursuite des combats malgré l’annonce d’une trêve officielle par Moscou.

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