Quelle Église après la mort du pape François ?

Le pape François est décédé le 21 avril à 88 ans, laissant l'Église catholique face à un tournant historique et diplomatique après 12 ans d’exercice.

Article publié le Apr 22, 2025
Maéva Noé
Deuxième année à Sciences Po Strasbourg
Pour citer ce baratin :
Maéva Noé,"Quelle Église après la mort du pape François ?", [en ligne] BARA think tank, Apr 22, 2025, "https://www.bara-think-tank.com/baratin/quelle-eglise-apres-la-mort-du-pape-francois"

La disparition d’un pape réformateur

Élu en 2013, François a brisé de nombreux codes. Premier pape latino-américain, il a imposé un style pastoral humble et direct, marquant l’Église par son attention aux marges et sa priorité donnée aux pauvres et aux exclus.

Son pontificat a été marqué par une volonté d’adaptation aux défis modernes. Refusant les fastes, il a insisté sur la proximité de l’Église avec le peuple, prônant l’accueil, l’écoute et une forte dénonciation des inégalités mondiales.

Un héritage spirituel fort

L’encyclique Laudato si’ en 2015 a été un jalon historique. François y reliait écologie, justice sociale et dignité humaine, appelant à une "conversion écologique" pour préserver la Création face à l’exploitation capitaliste.

Son souci d’une Église "hôpital de campagne" l’a amené à encourager le dialogue avec les divorcés remariés, les migrants et les personnes LGBT, insufflant un esprit d'ouverture malgré la permanence des dogmes traditionnels.

Un bilan contrasté sur les abus

Sous François, le Vatican a institué des commissions et de nouvelles procédures contre les abus sexuels. Toutefois, les victimes et certains observateurs ont jugé ces efforts inégaux et parfois minés par des résistances internes.

Si des progrès ont été enregistrés, notamment une meilleure reconnaissance des souffrances subies, l'absence de sanctions systématiques contre certains évêques fautifs a entaché l'autorité morale du pape sur ce dossier sensible.

Une Église en attente de cap

Le décès du pape en pleine année jubilaire bouleverse l’Église. Les pèlerinages, festivités et projets liés à cet événement spirituel doivent être repensés alors que l’institution traverse une phase de vacance du pouvoir.

Cette période de transition pourrait exacerber les tensions internes, entre partisans d’une Église réformatrice dans la continuité de François, et défenseurs d’un retour à des orientations plus doctrinales et conservatrices.

Des enjeux géopolitiques immédiats

Le pape avait intensifié le rôle du Vatican dans la diplomatie mondiale, notamment en appelant à des cessez-le-feu en Ukraine et à Gaza. Son absence laisse un vide dans ces initiatives certes discrètes, mais influentes.

De nombreux chefs religieux et politiques, dont Vladimir Poutine et Antonio Guterres, ont salué sa capacité à promouvoir le dialogue interreligieux et les causes humanitaires, aujourd’hui orphelines de son soutien personnel.

Quels profils pour la succession ?

Le cardinal Pietro Parolin, diplomate expérimenté, et Luis Antonio Tagle, figure proche des idées de François, font partie des favoris. Matteo Zuppi, connu pour son engagement social, est aussi cité avec insistance.

Le conclave, attendu entre le 6 et 11 mai, pourrait orienter l’Église vers une poursuite des réformes ou un retour à une ligne plus stricte. L’issue déterminera l’influence future du Vatican dans un monde sous tension.

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