Quel avenir pour le nucléaire iranien?

Américains et Iraniens multiplient les rencontres pour trouver une solution diplomatique et éviter une crise atomique.

Article publié le Apr 16, 2025
Sebastien Masson
Deuxième année à Sciences Po Strasbourg
Pour citer ce baratin :
Sebastien Masson,"Quel avenir pour le nucléaire iranien? ", [en ligne] BARA think tank, Apr 16, 2025, "https://www.bara-think-tank.com/baratin/quel-avenir-pour-le-nucleaire-iranien"

Une République islamique affaiblie : 

L’économie iranienne souffre profondément des sanctions qui lui sont imposées dans le cadre du JCPOA, l’accord sur le nucléaire iranien de 2015. La République Islamique veut donc essayer de lever ces sanctions par le biais d’un accord nucléaire avec les États-Unis. 

De même, l’Iran et son “axe de la résistance” est profondément affaibli depuis qu’Israël est entré dans une posture de lutte active contre les proxys iraniens que sont le Hezbollah, le Hamas ou encore les Houthis. L’arme nucléaire est ainsi une porte de sortie pour l’Iran. 

Des discussions musclées : 

Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump montre une grande fermeté vis-à-vis de l’Iran. Il a indiqué vouloir mettre une pression maximale sur la République Islamique et a déjà menacé le pays de bombardements massifs, en particulier sur ses infrastructures nucléaires. 

De l’autre côté, les Iraniens continuent de diffuser des vidéos montrant des kilomètres de galeries souterraines abritant de nombreux missiles balistiques et de croisière. Les États-Unis ont eux accompagné leurs déclarations d’actes en déplaçant plusieurs B-52 à Diego Garcia. 

Les États-Unis comme unique négociateur? 

Le rapport de force qu’entretiennent les États-Unis avec l’Iran les place en première ligne des négociations. Par ailleurs, Trump souhaite conforter son statut de “président de la paix” auprès de son électorat en concluant un nouveau deal après celui de 2015. 

Les États-Unis se sont retirés de ce dernier en 2018, Trump déclarant par la même occasion que c’était le “pire deal” de l’histoire. Bien qu’ils n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis plus de 40 ans, les deux pays veulent donc négocier.

L’Union Européenne et l’ONU : les grands absents

On peut à première vue s’interroger de l’absence d’acteurs européens dans les actuels pourparlers, qui plus est lorsqu’on connaît le rôle qu'ont eus la France, la Grande Bretagne et l’Allemagne en 2015. De même, une négociation à l’ONU n’est-elle pas envisageable? 

Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, l’UE n’est plus vue comme un acteur potentiellement neutre au même titre que la Russie ne l’est plus également. Par ailleurs, celle-ci risquerait de bloquer toute décision à l’ONU comme elle l’avait fait avec la Corée du Nord. 

Des négociations complexes : 

La proximité renouvelée de l’Iran avec la Russie depuis leur partenariat stratégique limite la marge de manœuvre des États-Unis :  si ces derniers sont trop fermes avec l’Iran, la République Islamique serait alors tentée de se jeter dans les bras de la Russie.

De même, si les États-Unis bombardent les installations nucléaires iraniennes, cela ne fera que conforter l’Iran dans son désir de développer l’arme nucléaire empêchant toute future négociation. Il est peu probable au vue des réseaux souterrains qu’une telle opération réussisse. 

Une question pressante : 

Les deux pays ont progressivement marqué leur ambitions : les États-Unis souhaitent l’arrêt complet du programme nucléaire, hypothèse réfutée par les Iraniens qui sont prêts à quelques concessions en échange d’un allégement des sanctions. 

L’Iran menace également de sortir du TNP en cas d’échec des négociations. La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne peuvent encore imposer des sanctions sur l’Iran jusqu’en octobre dans le cadre de l’accord de 2015. 

Si Trump vise par cette opération à obtenir un succès diplomatique, la complexité de la question du nucléaire iranien contraste avec l’approche parfois simpliste des États-Unis alors qu’il est question de l’avenir de l’ensemble du Moyen-Orient à travers le nucléaire iranien. 

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