Cauchemar géorgien : l’avenir d’une démocratie confisquée

Soulèvements et répressions sont devenus l’horizon de nombreux Géorgiens dont le rêve européen est brisé par le parti au pouvoir.

Article publié le Apr 15, 2025
Anna Vigne
Deuxième année à Sciences Po Lille
Pour citer ce baratin :
Anna Vigne,"Cauchemar géorgien : l’avenir d’une démocratie confisquée ", [en ligne] BARA think tank, Apr 15, 2025, "https://www.bara-think-tank.com/baratin/cauchemar-georgien-lavenir-dune-democratie-confisquee"

Élections contestées et montée de la contestation

Les élections législatives d’octobre 2024 se déroulent dans un climat tendu. Le parti revendiquant la victoire, Rêve géorgien, est accusé de fraude massive, avec un soutien présumé du Kremlin. Cette crise déclenche des manifestations dans tout le pays.

La crise s’enracine avec la suspension du processus d’adhésion à l’Union européenne. L’opposition nie la légitimité du nouveau gouvernement à travers une mobilisation portée par la jeunesse urbaine mais relayée dans tout le pays. 

Répression gouvernementale et arrestation

L'usage excessif de la force par les autorités afin de disperser et neutraliser les manifestants accroît son impopularité et soulève la question des droits démocratiques et humains en Géorgie. En réponse, les critiques internationales, notamment de l'UE, s’intensifient.

Certaines figures porteuses de ce mouvement incarnent les victimes de cette répression agressive. Nika Melia, tête de file de l'opposition, ainsi que Guigui Ougoulava, ancien maire de Tbilissi, ont été arrêtés en février 2025 lors d’une manifestation.

Polarisation politique et rhétorique gouvernementale

Face à cette contestation qui ne s'essouffle pas, le gouvernement adopte un discours de plus en plus ferme. Irakli Kobakhidzé, le premier ministre déclare en décembre 2024 « Nous ferons tout le nécessaire pour éradiquer complètement le libéralo-fascisme ».

Le gouvernement géorgien accuse l’opposition, sans pour autant fournir de preuves, de fomenter une révolution depuis l’étranger. Peu après cette déclaration du Premier Ministre, les autorités ont perquisitionné les bureaux du parti d’opposition Droa et arrêté ses leaders.

 

Aspirations pro-européennes de la société civile

Le Premier Ministre a tranché : pas de négociations avec l’opposition. En découle la suspension jusqu’à du processus d’adhésion à l’UE, pourtant largement réclamé par la jeunesse contestataire. Ce principe d’adhésion future est même inscrit dans la constitution.

Si les Géorgiens défilent pour une adhésion à l’UE dans un contexte de guerre entre Russie et Ukraine, c’est aussi contre la première voisine qu'ils se soulèvent. La foule scande régulièrement des slogans hostiles à Moscou et estime que le scrutin leur a été “volé”.

Réactions internationales et soutien externe

Si le pouvoir en place est jugé trop proche du Kremlin, les contestations occidentales ne se sont pas faites attendre. L’UE et les Etats-Unis ont dénoncé les irrégularités électorales et ont brandi le droit à un scrutin libre et à l’Etat de droit en Géorgie.

L’appui concret des démocraties occidentales à la Georgie passe par un soutien symbolique avec, par exemple, la venue de députés européens sur le territoire pour soutenir la société civile et encourager une transition démocratique.

Perspectives d’avenir et risques de déstabilisation

La situation actuelle reste instable, le parti au pouvoir adopte une posture intransigeante. Les éventualités d’un nouveau scrutin semblent s’éloigner malgré les appels de la présidente pro européenne Salomé Zourabichvili.

Romain Le Quiniou, spécialiste des pays d'Europe centrale explique ainsi que “La Géorgie est à un carrefour où tout peut basculer : vers une révolution pacifique ou un cycle de violences. Tout dépendra de la détermination des manifestants et de la réponse des autorités".

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